Portrait de ma femme

1949, huile sur toile, 73 × 60 cm
Photo Dennis Bouchard

Paris est pour Zao Wou-Ki un lieu de rencontres et de découvertes picturales. Ses premières peintures parisiennes s’imprègnent de nombreuses influences. Ses portraits sont proches par moments de ceux de Jules Pascin, privilégiant la ligne et le dessin. Ailleurs, les aplats de couleurs sont un écho des peintures d’Henri Matisse, comme dans ce Portrait de ma femme. Ses nus féminins au fusain, sanguine ou crayon, montrent également une influence d’Aristide Maillol.

Montagne grise et jaune, 1950

huile sur toile, 81 × 100 cm.
Droits réservés

Vert émeraude, 1950
huile sur toile, 127 × 127,5 cm.
Photo Dennis Bouchard
Nature morte au Biba
1952, huile sur toile, 64,5 × 99,5 cm.
Droits réservés

Zao Wou-Ki exécute des natures mortes dans toutes les techniques. Il en peint plus d’une trentaine à l’huile entre 1948 et 1954. L’indication de la profondeur par une unique ligne graphique – ligne de sol ou arête d’un meuble – est encore une influence de la peinture de Paul Cézanne.
Ses thèmes d’inspiration sont les fruits (citrons, raisins, figues), les fleurs (lotus, hortensias) et les animaux (poissons). Il représente aussi ses objets familiers (théière, coupe, bol, vase et tasse). Nature morte au Biba, de 1952, met en scène un instrument à cordes classique de la musique chinoise, qu’il avait dans son atelier à cette époque.

Paysage boréal, 1953

huile sur toile, 46 × 55 cm.
Photo Dennis Bouchard
Tower Hill, London
1953, huile sur toile, 73,5 × 92 cm.
Droits réservés
Dès son arrivée en France, Zao Wou-Ki voyage en Europe pour découvrir de nouveaux paysages. Il emporte avec lui des carnets dans lesquels il peint à l’aquarelle et dessine à l’encre ou au crayon, et dont il se sert ensuite pour peindre à l’atelier. Ses premiers voyages l’emmènent vers la Suisse, l’Italie, l’Espagne.
Il se rend en Angleterre en 1952, mais ne peint pas dans un carnet. Il transpose ses souvenirs l’année suivante et donne de Londres une vision à la topographie poétique, juxtaposant la London Tower, le Tower Bridge, Westminster Abbey et les bateaux sur la Tamise.
Vent
1954, huile sur toile, 195 × 97 cm,
Centre Pompidou, musée national d’Art moderne / CCI, Paris, France.
Photo Dennis Bouchard

Au début des années 1950, Zao Wou-Ki se sent enfermé dans la figuration. L’exemple de la peinture de Paul Klee va lui donner l’occasion de trouver une nouvelle voie. Comme Klee, il décide d’utiliser des signes pour s’éloigner de la stricte représentation figurée, pour inventer un langage qui lui permet d’échapper aux limites imposées par le choix du sujet. Il détourne des signes chinois archaïques qu’il exploite pour leur valeur plastique. Il imagine des formes qui le conduisent peu à peu vers l’abstraction. Il avance désormais dans un monde sans référents.
Vent est souvent considéré comme son premier tableau abstrait. L’élément figuratif a totalement disparu. La longue chute des signes inventés n’a pas de signification graphique : elle évoque un élément impalpable, le passage du vent.

Hommage à Chu-Yun – 05.05.55
1955, huile sur toile, 195 × 130 cm.
Photo Dennis Bouchard
Chu-Yun (ou Qu Yuan, vers 340-278 avant J.-C.), considéré en Chine comme le premier grand poète national, est aussi célébré pour ses vertus patriotiques. Né dans le royaume de Chu, il sert le roi Huai. En désaccord politique et en butte à la calomnie, il est condamné à l’exil. Qu Yuan mène alors une vie errante et compose des poèmes qui témoignent de son fervent patriotisme, mais aussi de son amertume et de sa désillusion. Pour protester contre l’effondrement du royaume de Chu, il se suicide en se jetant dans la rivière Miluo.
La figure de Qu Yuan était honorée dans la famille Zhao. Le cinquième jour du cinquième mois lunaire, Zao Wou-Ki et son père jetaient du riz dans l’eau afin que le corps du poète ne soit pas dévoré par les poissons. Cet Hommage daté du 5 mai 1955 perpétue le rituel familial et honore la mémoire du grand poète en évoquant des fonds aquatiques.
Aube (aucun soir ni aucun matin)
1957, huile sur toile, 200 × 300 cm,
The National Museum of Modern Art, Kyoto, Japon.
Photo Dennis Bouchard
Cette œuvre est une des premières peintures de très grand format de Zao Wou-Ki. Peinte au printemps 1957, elle est présentée en mai de la même année dans sa première exposition à la Galerie de France. Cette toile exécutée avant son voyage aux États-Unis à l’automne 1957 montre bien que l’artiste était déjà tenté par les grands formats avant la découverte des œuvres démesurées des peintres américains.
15.12.61

1961, huile sur toile, 200 × 180 cm,
CCI. Dépôt au musée d’Art, d’Histoire et d’Archéologie, Évreux, France  

Hommage à Edgar Varèse – 25.10.64

1964, huile sur toile, 255 × 345 cm.
Musée cantonnal des beaux-arts, Lausanne.
Donation Françoise Marquet-Zao, 2015.
Photo Dennis Bouchard

Ce très grand format (255 x 345 cm) a été peint un an avant la disparition du compositeur. C’est grâce à Henri Michaux – également adhérent au Domaine musical de Pierre Boulez – que Zao Wou-Ki rencontre Edgar Varèse lors de la création à Paris de Déserts en 1954. Les deux hommes s’apprécient rapidement.
Zao Wou-Ki s’est sans doute inspiré de la musique de Varèse pour cet hommage. Les tensions dynamiques et les mouvements des masses tourbillonnantes évoquent les contrastes sonores et les ruptures de temps. Zao Wou-Ki accorde au vide la même place centrale que Varèse au silence. Tous deux créent un espace mouvant, qui se dilate et se rétracte, et qui enveloppe le spectateur.

12.08.69
1969, huile sur toile, 200 × 300 cm,
National Taiwan Museum of Fine Arts, Taichung, Taiwan.
Droits réservés
24.02.70, 1970
huile sur toile, 130 × 162 cm,
Ishibashi Foundation, Bridgestone Museum of Art, Tokyo, Japon.
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En mémoire de May, 1972

10.09.72 – En mémoire de May (10.03.72), 1972, huile sur toile, 200 × 526 cm,
Centre Pompidou, musée national d’Art moderne / CCI, Paris, France.
Photo Dennis Bouchard

Zao Wou-Ki rencontre et épouse Chan May-Kan à Hong Kong lors de son long séjour en 1958. C’est en mémoire de cette dernière, disparue prématurément en 1972, qu’il peint cette grande composition.
L’œuvre interpelle par sa force et sa violence, qui témoignent de sa grande souffrance. Ne souhaitant pas la vendre, Zao Wou-Ki décide d’en faire don à l’État français en 1973. Elle fait désormais partie des collections du Musée national d’art moderne à Paris.

10.03.74 – Nous deux encore 1974
huile sur toile, 280 × 400 cm,
Fukuoka Art Museum, Fukuoka, Japon.
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01.04.76 — Hommage à André Malraux – Triptyque
1976, huile sur toile, 200 × 524 cm,
The Hakone Open-Air Museum, Hakone, Japon.
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Cet Hommage, exécuté quelques mois avant la mort d’André Malraux, témoigne de l’admiration pour l’auteur de La Tentation de l’Occident qu’il a illustré en 1962 de dix lithographies La Tentation de l’Occident. Alors ministre chargé des Affaires culturelles, André Malraux aide deux ans plus tard Zao Wou-Ki à obtenir la nationalité française, l’année même où le général de Gaulle reconnaît officiellement la République populaire de Chine de Mao Zedong.
Grâce à la Fuji Television Gallery, qui l’expose à Tokyo dès 1977, cet important tableau demeure en Asie, terre chère à Malraux. Appartenant à la Fuji Media Holdings Inc., il est déposé au Hakone Museum of Open Air, au Japon.
15.12.76 – Triptyque, 1976
huile sur toile, 195 × 390 cm.
Droits réservés
15.04.77, 1977
huile sur toile, 200 × 162 cm.
Droits réservés
24.11.80 – Triptyque, 1980
huile sur toile, 200 × 525 cm.
Droits réservés

En 1977, Zao Wou-Ki achète un grand atelier dans le Loiret. Il peut désormais peindre de grands formats et surtout d’imposants triptyques tout au long des années 1980 et 1990. Ce triptyque peint en 1980 montre la grande maîtrise picturale de l’artiste. Tirant parti des trois panneaux, il crée une composition dynamique tout en distorsion. Se réappropriant la tradition chinoise, il en transmet le souffle à sa peinture. En 1985, il crée son plus grand triptyque, à la demande de son ami l’architecte I. M. Pei, qui souhaite l’installer dans son gigantesque complexe de Raffles City à Singapour. Juin-octobre 1985 mesure 10 mètres de long pour 2,80 mètres de haut.

04.01.82, 1982
huile sur toile, 260 × 200 cm, TOTAL France.
Photo Dennis Bouchard
20.03.84, 1984
huile sur toile, 260 × 200 cm, Fond national d’art contemporain, Ministère de la Culture, Paris, France. En dépôt à la Questure de l’Assemblée nationale, Paris.
Photo Dennis Bouchard
20.12.85, 1985
huile sur toile, 195 × 130 cm.
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Hommage à Henri Matisse I – 02.02.86, 1986
huile sur toile, 162 × 130 cm.
Musée d’art moderne de la Ville de Paris, donation Françoise Marquet-Zao, 2019.
Photo Dennis Bouchard

Cette œuvre est inspirée du célèbre tableau de Matisse Porte-fenêtre à Collioure de 1914 (Centre Pompidou, Musée national d’art moderne, Paris), à propos duquel Zao Wou-Ki écrit en 1984 : « On dirait en Chine que Fenêtre-porte est une peinture magique. Car, devant cette porte, vide et pleine en même temps, il y a la vie, la poussière, l’air qu’on respire, mais derrière que se passe-t-il ? C’est un espace noir, immense. Pour nous tous, c’est une porte ouverte sur la vraie peinture. »
Ce tableau hommage à l’un des peintres préférés de Zao Wou-Ki, resté dans sa collection jusqu’à sa mort, a été donné par son épouse au musée d’Art moderne de la Ville de Paris en 2019, le rendant de ce fait inaliénable et accessible en permanence.

20.05.88, 1988
huile sur toile, 99 × 81 cm.
Photo Dennis Bouchard
Mai-août 90, 1990
huile sur toile, 260 × 200 cm,
Kaohsiung Museum of Fine Arts, Kaohsiung, Taiwan.
Droits réservés
30.06.92, 1992
huile sur toile, 162 × 130 cm. Taipei Fine Arts Museum, Taipei, Taiwan.
Droits réservés
21.08.95, 1995
huile sur toile, 200 × 162 cm.
Photo Dennis Bouchard
27.02.98
1998, huile sur toile, 130 × 195 cm.
Photo Dennis Bouchard

Zao Wou-Ki peint ce tableau en souvenir d’Incendie, une huile sur toile de 1954-1955 (130 x 195 cm). Cette œuvre acquise en 1955 par le Musée national d’art moderne à Paris n’est malheureusement plus présente dans les collections nationales. Prêtée de nombreuses fois, la toile n’est pas revenue de sa dernière exposition à Singapour en 1982. Zao Wou-Ki a donc choisi d’en faire une réinterprétation plus de quarante ans après sa création.

Hommage à mon ami Henri Michaux, avril 1999-août 2000 – Triptyque
1999-2000, huile sur toile, 200 × 750 cm.
Photo Dennis Bouchard
Ce grand triptyque est le troisième hommage, après ceux de 1963 et 1964, que Zao Wou-Ki a consacré à Henri Michaux. Témoignage d’affection posthume à son grand ami, il a été conçu à la demande de I. M. Pei pour le hall de réception du onzième étage du siège social de la Bank of China à Beijing, aménagé sur les plans de C. C. et L. C. Pei. La commande n’a jamais abouti. Ce tableau, après son exposition à la Marlborough Gallery à New York en 2003, a finalement rejoint une collection privée en Asie.
Septembre-octobre 2003, 2003
huile sur toile, 97 × 195 cm.
Photo Dennis Bouchard
Le vent pousse la mer – Triptyque, 2004
huile sur toile, 194,5 × 390 cm.
Photo Dennis Bouchard
Lors de l’exécution de ce triptyque, Zao Wou-Ki a cherché pendant trois semaines l’endroit où il pourrait peindre une petite barque dont il avait fait auparavant plusieurs esquisses à la mine de plomb sur papier après avoir consulté maints ouvrages d’histoire de la peinture chinoise ancienne. Cette barque, en dépit de sa petite taille, est le premier témoignage d’un retour délibéré à la figuration, pourtant abandonnée depuis 1954. Ce changement se confirme dans d’autres œuvres, toutes liées au monde végétal. La nature est le prétexte à un nouveau travail sur la couleur et les formes : paysages inventés, variations colorées sur l’alternance des saisons, univers aquatique.
Hommage à Cézanne, 06.11.2005 – Diptyque, 2005
huile sur toile, 162 × 260 cm.
Photo Dennis Bouchard
Sans titre, 2005
huile sur toile, 97 × 195 cm.
Photo Dennis Bouchard
Terre rouge – 16.01.2005
2005, huile sur toile, 130 × 195 cm.
Photo Dennis Bouchard
Ce tableau témoigne de la grande liberté du peintre dans les années 2000. N’ayant plus rien à prouver, il est dans le plaisir pur de l’utilisation de la couleur. La force de la composition s’allie à la vivacité des teintes pour créer un tourbillon de matière et de couleurs.
18.03.2008, 2008
huile sur toile, 116 × 89 cm.
Photo Dennis Bouchard